
Condensé #13 - Semaine du 30 Juin 2021
En long - Faux avis: le Royaume-Uni enquête sur les pratiques d’Amazon et Google.
En bref - Nouvelles obligations pour les plateformes de streaming en France.
En une ligne dans le reste du monde.
Par Malik Aouadi.
Source: Giphy
Faux avis: le Royaume-Uni enquête sur les pratiques d’Amazon et Google
L'autorité britannique de régulation de la concurrence a ouvert une enquête sur Amazon et Google au sujet de faux avis sur leurs sites qui pourraient tromper les consommateurs.
Pourquoi les faux avis sont si problématiques?
Il ne fait aucun doute que les avis ont toujours joué un rôle crucial dans la relation de confiance entre commerçants et consommateurs. C’est d’autant plus vrai dans un contexte de pandémie qui a stimulé encore davantage les ventes en ligne tout en freinant les ventes physiques. Cela n’empêche que de nombreux consommateurs rencontreront vraisemblablement des avis frauduleux ou illégitimes sans le savoir. Bien que ce fléau touche toutes les grandes plateformes de vente, il semblerait qu’Amazon et Google aient plus de mal à lutter contre la prolifération de ce genre de contenus.
Plusieurs études, notamment par Objection.co et Fakespot, ont démontré qu’une majorité d’avis dans certaines catégories de produits sont trompeurs. Selon Objection.Co, plus de 70% des avis rendus sur les produits bluetooth d’Amazon sont faux, alors que 63% des produits de beauté sont tout autant illégitimes. Même constat chez Google, où des milliers de profils de guides locaux sont contrôlés depuis des «reviews farms»*. Un véritable réseau de sites web proposants des services de manipulation d’avis visant les produits présents sur Amazon avaient en outre été découvert par Which ? en février.
*Les reviews farms sont des entreprises qui se chargent de la rédaction de faux avis en ligne contre rémunération. Elles sont principalement situées en Asie.
Amazon et Google trop laxistes
L'Autorité de régulation de la concurrence et des marchés britannique (Competition and Markets Authority) estime qu’Amazon et Google n'avaient peut-être pas fait suffisamment d'efforts pour détecter et supprimer les faux avis ou pour prendre des mesures contre les personnes qui en étaient responsables. L’autorité en a profité pour menacer de poursuites judiciaires ces géants de la Tech dans le cas ou ceux-ci auraient enfreint la loi sur la protection des consommateurs.
« Nous craignons que des millions d'acheteurs en ligne soient induits en erreur en lisant de faux avis et en dépensant leur argent sur la base de ces recommandations. (…) De même, il est tout simplement injuste que certaines entreprises puissent falsifier des avis cinq étoiles afin de mettre en avant leurs produits ou services, alors que les entreprises respectueuses de la loi sont perdantes.(…) Il est important que ces plateformes technologiques prennent leurs responsabilités et nous sommes prêts à prendre des mesures si nous constatons qu'elles n'en font pas assez. » s’est exprimé Andrea Coscelli, directeur général de la CMA.
Réactions timides des mis en cause
Déjà inquiété par une longue investigation par le Financial Times révélant un fructueux business de vente en ligne de faux avis et qui avait conduit à une investigation interne, Amazon ne semble toujours pas avoir trouvé le moyen de remédier à ce problème. Pire, la plate-forme américaine semble même paniquée. Après avoir supprimé mystérieusement de nombreux gros comptes de vendeurs en mai dernier, c’est au tour de RavPower de voir ses produits se volatiliser de la plateforme de vente. Sans aucun commentaire de la part de ces commerçants suite à leur éviction, des doutes peuvent légitimement se poser concernant leur intégrité et leur participation à la prolifération des faux avis. Dans un communiqué du 16 juin 2021, Amazon reconnaît formellement la gravité de la situation mais rejette la faute sur les réseaux sociaux, à l’origine selon ces derniers de l’explosion de ces faux avis durant la pandémie. Selon Amazon, de nombreux groupes proposeraient ce type de pratiques sur les réseaux sociaux sans être inquiétés par les équipes de modération. Bien que le rapport d’Amazon ne cite explicitement Facebook, il a en effet été démontré à de nombreuses reprises que l’entreprise gérée par Mark Zuckerberg constituait l’un des terreaux fertiles de ce genre de pratiques.
Pour aller plus loin: «5 étoiles contre un casque gratuit»: comment le marché noir des faux avis empoisonne Amazon par Le Soir et «Amazon deletes 20,000 reviews after evidence of profits for posts» par le Financial Times.
Nouvelles obligations pour les plateformes de streaming en France
Le décret relatif aux services de médias audiovisuels à la demande (SMAD) a été publié au Journal Officiel le 23 juin 2021 et marque une « étape historique dans l'adaptation et la modernisation du dispositif de financement de la création française et européenne, dans un contexte de mutation profonde du secteur audiovisuel » selon le Ministère de la Culture français.
Concrètement, ce décret signifie que les plateformes de streaming, telles qu’Amazon, Netflix ou Disney+ devront reverser 20% de leur chiffre d’affaires qu’ils réalisent en France au financement du cinéma et de l’audiovisuel français. Si les plateformes souhaitent proposer des films moins de 12 mois (au lieu de la période de 36 mois actuelle) après leurs sorties en salle, ce taux sera augmenté à 25%.
Source: Unsplash
En publiant ce texte, le gouvernement français fait donc abstraction des critiques émises par la Commission européenne qui jugeait la proposition de décret trop favorable aux producteurs au détriment des plateformes de streaming.
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